“SEYYOU MODOU-MODOU”- LES FEMMES ITALIENNES SE REBELLENT SUR LE NET.
Pourquoi les sénégalais de l’extérieur font maintenant les choux gras de la presse et des réseaux sociaux ?
Appelés “modou-modou” dans leur pays et simplement “senegalesi” en Italie, il semble que cette frange de nos ressortissants soit simplement devenue “apatrides” maintenant bien critiqués dans leur pays d’origine et incompris dans leur pays de résidence.
Une chaine tv du Sénégal à travers une émission très populaire vient de réaliser une série d’émissions accompagnées de polémiques sur les manières de gérer les foyers des émigrés. Ces émissions ont eu le mérite de lancer le débat sur une question sociale compliquée mais ont malheureusement péché par leur superficialité.
Et quasi en instantané , les comportements “familiaux “ de nos compatriotes sont passés à la loupe en Italie. Et celà s’est fait sur Facebook par un réseau de femmes italiennes épouses ou compagnes des immigrés sénégalais vivant dans le territoire italien. Ces italiennes ont proprement choisi la date symbolique du 8 Mars et déclenchant ainsi des discussions sur le social network fournissant informations encore plus intéressantes que celles contenues dans les meilleures thèses de recherche universitaire.
J’ai personnellement suivi ce social forum sans intervenir et j’ai eu aprés un entretien avec l’initiatrice principale du débat qui se trouve être une “amie FB”. Elle s’appelle Valeria. G et habite dans le sud de l’Italie. Elle a eu plusieurs années de vie commune et à deux reprises avec des sénégalais en Italie. Sa connaissance et analyse des pratiques socio-culturelles de nos compatriotes sont vraiment surprenantes et je vous en présente un résumé.
Le sujet qui a surtout attiré mon attention est le comportement “polygamique” de nos concitoyens.
La polygamie, disons la “polygamie mixte” parce que pour le cas présent il s’agit non seulement “d’épouser” ou de vivre avec plusieurs femmes seulement mais d’avoir des unions avec 2 oú plusieurs femmes dans 2 pays différents , de culture, de race et de religion différentes.
C’est une réalité qui existe . L’ingéniosité et l’insouciance des pratiquants de la polygamie “mixte” surprennent vraiment
La question principale posée est: pourquoi certaines italiennes acceptent la polygamie avec nos compatriotes? La réponse est analysée par Valeria G sous 2 angles.
1- Le cas des italiennes d’âge avancé : souvent disposant de moyens économiques, très commodes pour les modou-modou, acceptent de vivre avec des sénégalais plus jeunes mais étant déjà mariés dans le pays d’origine. Ayant assez souvent des difficultés à trouver compagnons au sein de leurs compatriotes masculins et pour échapper à la solitude s’accommodent de cette polygamie gérée à distance.La différence d’âge dans ces couples crée des “indulgences sociales” insoupçonnées.C’est le cas de la dame A.N 63 ans qui accepte que son mari de 43 ans prenne une deuxième femme au Sénégal devant la profonde nécessité imposée par notre culture à disposer d’une descendance, ce qu’elle ne peut lui offrir vu son âge. La procréation assistée n’est pas encore dans les mentalités sénégalaises. Dans certains cas extrêmes, la polygamie par nécessité de procréation est vécue dans la même ville en Italie. Polygamie, officiellement non parce que la loi italienne ne l’autorise pas mais civilement marié avec l’une et concubin avec l’autre.
2 Le cas des jeunes italiennes est plus surprenant.
Selon nos interlocutrices , ces jeunes filles entrent généralement en contact avec les sénégalais dans les discothèques. Insouciantes et sans repères sur la culture sénégalaise se laissent “manager” par leurs fiancés émigrés, commencent à se faire des tresses africaines par mode et petit à petit se laissent “coloniser “culturellement et découvrent en milieu de parcours que leur homme a une autre femme dans le pays d’origine. Celà finit assez souvent par des ruptures douloureuses.
Valeria G me signale aussi qu’il existe beaucoup de différences dans la compréhension de l’émigré “senegalesensi” entre la femme italienne qui a connu et vécu avec son homme au Sénégal et celle qui a connu son fiancé en Italie. Les premières ont une meilleure compréhension de la situation et arrivent à gérer mieux la relation
Selon toujours Valeria G, il faut éviter de mettre tous les émigrés dans le même plat.La situation se différencie selon l’éducation et le niveau culturel. Certains sénégalais disposant d’un niveau de formation plus élevé refusent la polygamie et se rappellent négativement des souffrances liées à la vie de polygamie de leurs pères. Ils refusent de vivre cette situation et optent pour le modèle européen monogamique.
Selon ces femmes italiennes le comportement vraiment désagréable des sénégalais lié à la polygamie se trouve dans leur capacité de créer et d’installer la compétition entre leurs différentes femmes et amantes, “celle-là m’aime plus…, “l’autre là s’occupe mieux de moi” …etc.
Certaines femmes restent victimes de ce jeu et d’autres s’en libèrent .
Les récriminations de ces femmes sont aussi liées à l’opportunisme prononcé des modou-modou et leur manque de sincérité. Ils intérprétent les éléments de la culture sénégalaise et de la religion musulmane à leur propre convenance sans chercher à comprendre leur faisabilité dans un contexte étranger.
Les problèmes sociaux de l’émigration sénégalaise sont là . Le débat socio-religieux national n’offrant pas des réponses adéquates aux nombreuses questions qui se posent aux modou-modou.
Je vous soumets des questions liées au contexte interne de notre culture et à l’émigration.
1- Est-il juste mettre en attente sa femme pour les besoins de l’émigration pendant 5 ans voire 10 ?
2- Est-il normal dans un couple d’émigrés que le mari puisse prendre en charge les besoins de la famille à 100% même si par ailleurs la femme travaille et gagne un revenu parfois égal à celui du mari , dans le contexte de l’immigration?
3- La femme qui travaille et qui participe financièrement dans les charges de la famille doit-elle accepter que son mari puisse disposer d’une seconde femme ?
4- Les sacrifices imposés à la famille et aux enfants dans le cadre de l’émigration sont t-ils judicieux ?.
La liste est longue et dans un autre numéro je souhaite partager avec vous à propos de ces sujets.